ALBAN LANORE / Français, né en 1966

LES ŒUVRES
PARCOURS
Alban Lanore est né à Paris en 1966. Il vit et travaille en Touraine, à l’écart du monde artistique. Il développe là en toute liberté une œuvre en dehors des modes. Artiste autodidacte, ce sont les voyages et les rencontres qui lui ont donné la vocation de la sculpture.
Après avoir conçu et réalisé des décors pour des parcs d'attractions, il crée en 1991 une société de décor végétal qui l'amènera à voyager à travers le monde. En 1998, un voyage au Gabon change sa vie, tant d'un point de vue artistique qu'éthique. Stupéfait par la beauté et la richesse des forêts, Alban Lanore y puise l'inspiration d'une toute autre façon de travailler qu'il met en œuvre dès son retour à Paris. Après le Gabon, c'est la forêt amazonienne, et notamment les concessions forestières, qu'il prospecte régulièrement pour y récupérer uniquement les rebuts.
Des rencontres importantes ont jalonné son parcours de sculpteur. Adolescent, il croise la route de Jean-Jacques Popille, bien connu des amateurs d'art brut, puis Frans Krajcberg, ardent défenseur de la sauvegarde de la nature et auteur avec Pierre Restany du "Manifeste du naturalisme intégral", qui l'encourage dans sa démarche. Enfin, le sculpteur Vincent Batbedat lui apportera une recherche en art construit. Cet enseignement orientera, au fil des années, son travail organique vers l'épure. Ainsi, ses sculptures récentes, monolithes d'abstraction géométrique, inaugurent une esthétique proche de l’art construit tout en restant personnelle.
Parallèlement à la sculpture, Alban Lanore décline sa vision esthétique à travers des travaux sur papier où il appose, comme des empreintes primitives, de larges masses sombres faites au bitume qui, dans leurs interstices, laissent silencieusement filtrer leur lumière interne.



"ESTHÉTIQUE DU CONTRASTE" - par Jean Anguera, sculpteur et vice-président de l'Académie des Beaux-Arts
Parler de la sculpture est facile s’il suffit de la décrire. En la décrivant on découvre celui qui l’a faite. Sans doute l’a t-il faite avec sa force, avec ce qu’il est physiquement, mais surtout avec les composantes de son esprit, avec les façons dont sa pensée rencontre la réalité - une réalité tout autant intérieure qu’extérieure.
La sculpture d’Alban Lanore tient à l’application de la force de l’homme à la douceur charnelle du bois, à l'application de la décision et de la vitesse mécanique de l’outil au songe silencieux et à la lenteur interne du matériau organique. C’est sans doute qu’Alban Lanore associe en lui deux natures : celle abstraite et rationnelle d’un esprit droit qui trouve son expression dans le tranchant de l’acier, dans la radicalité du métal, et la nature imaginative semblable à la souplesse mélancolique mais secrètement résolue du bois. Dans sa sculpture ces deux caractères s’expriment en s’opposant, et non en se conciliant, formant une esthétique du contraste. Le dessein secret du bois subit les aplats et les angles imposés par le sculpteur. Il se moule à l’intérieur des formes et toutefois au delà des interruptions, des brusques changements, au-delà des arrêtes nettes, il prolonge son cours originel.
Alban Lanore est grand, solide, certainement courageux. Face à son travail, aux goûts qui fondent sa sculpture, à l’opposition de ses caractères, il reste libre puisqu’il assume pleinement le choix de ses formes et de son matériau. Et sa liberté est belle à voir !

